Vers 17h15 nous accostons au port de Cartagena après quelques jours passés à Isla Barú, un homme sur l’embarcadère d’une quarantaine d’années muni d’un parapluie qu’il brandit en l’air, hèle à la cantonade nos prénoms!! Nous avons compris il s’agit de notre guide. En effet nous avons un tour guidé de la ville historique à faire ce soir, la météo n’est pas fameuse…donc la visite se fera sous la pluie.
Dans le minibus qui nous conduit du port à notre pension, il commence sa présentation de la ville. Tout d’abord nous dit-il, il y a des mois qu’il n’y a pas plu !!! A part les touristes, tout le monde ici trouve que la pluie est une bénédiction. Nous passons devant le château de San Felipe de Barajas qui est le « gardien de Carthagène ». Les Espagnols cherchaient à se défendre des attaques anglaises, si bien qu’en 1657 ils ont achevé l’édification de cette forteresse sur le mont San Lazaro. Cet endroit domine l’unique accès à la ville depuis le continent.
Les plus vieilles maisons de Cartagena ont plus de 400 ans. Cartagena déclarée par l’UNESCO, en 1984 patrimoine historique de l’humanité, a été fondée en 1533 par Pedro de Heredia un conquistador espagnol. Nous passons devant une statue d’une indienne, il s’agit dit le guide de l’India Catalina.
D’après l’histoire, en 1532, Pedro de Heredia, à la tête des troupes espagnoles, aurait capturé une jeune indienne l’India Catalina de la tribu des Calamari. Elle lui servit de guide et d’interprète. Elle est présentée comme l’intermédiaire pacificateur entre les troupes espagnoles et les populations indiennes. L’India Catalina devint alors un personnage historique de la Colombie.
Mais voilà nuance le guide, il semblerait plus probable d’après d’autres récits, que Pedro de Heredia ait utilisé l’India Catalina auprès des tribus amérindiennes pour les dominer, il aurait exterminé beaucoup de populations indiennes qui se seraient opposées à lui.
Sur le plan conservation du patrimoine, la ville garde toujours aujourd’hui l’architecture coloniale de ses constructions et l’ensemble de fortifications sont les plus complètes d’Amérique du Sud.
Nous arrivons à notre pension située au cœur du centre historique, on enfile nos vêtements de pluie et nous voilà partis à pied de nuit à la découverte des rues et ruelles de Carthagène des Indes. A l’approche du palais de l’inquisition nous passons par la rue du même nom, rue de l’inquisition, avec sa fenêtre très haute. Elle permettait, selon le guide, quand elle était ouverte à l’époque de l’inquisition, de dénoncer à haute voix sans être vu les hérétiques ou les prétendus hérétiques, il y avait toujours une oreille attentive à l’intérieur du palais pour écouter et noter.
Nous arrivons à la Torre del Reloj (Tour de l’Horloge) qui côtoie l’une des portes de la ville. Cette sinistre porte reliait le port où arrivaient les navires négriers d’Afrique à la place du marché aux esclaves. La statue de Pedro de Heredia fondateur de Carthagène trône sur la place devant la porte qui porte aujourd’hui le nom de place des Fiacres.
Tout à côté dans la continuité est située la grande Plaza de la Douane. L’ensemble des habitations qui cerne la place est dotée d’arcades ( los bovedas , les voûtes) donnant à cet endroit beaucoup de charme. A l’une des extrémités de cette place siège la statue de Christophe Colomb, au pied de laquelle a été positionné ses trois caravelles, la « Santa », la « Nina » et la « Pinta ». C’est grâce, ou à cause, des découvreurs de l’Amérique, que la ville s’appelle Carthagène des Indes… et oui à l’époque, les navigateurs cherchaient une route plus courte pour ramener des épices en Europe, ainsi quand ils ont débarqué sur les cotes des caraïbes, ils s’étaient persuadés d’avoir accostés aux Indes.
Carthagena est aussi un port d’entrée conduisant aux terres intérieurs du pays et aux Andes. La ville était comme on a pu le deviner un important port négrier. De nombreux bateaux amenaient dans des conditions effroyables des africains pour servir d’esclaves. Un prêtre jésuite s’éleva contre cet état de chose. Il s’appelait Pedro Claver y Corberó. Il a été en conflit avec les prêtres de sa congrégation qui acceptaient l’esclavage.
Pour venir en aide à cette population dans la détresse, il a appris la langue des esclaves afin de communiquer avec eux, il les a soigné. Il passe maintenant pour un saint aux yeux des cartageneros (habitants de Carthagene). Sa statue en bronze grandeur nature est placée pas très loin de la Cathédrale Sainte-Catherine d’Alexandrie à proximité de la place de la Douane, à un lieu diamétralement opposé de celle de Colomb, pour être plus précis elle se trouve au début de la rue qui mène de la place aux remparts, vous ne pouvez pas la manquer.
Carthagène est aussi célèbre pour ses 11 kilomètres de murailles érigées par les Espagnols. Quand il fait beau, il y fait bon flâner sur le chemin de ronde nous dit le guide. Nous nous y rendons, notre guide nous indique l’endroit où est prise la photo de la Cathédrale qui symbolise sur beaucoup de revues touristiques Carthagena.
Dans la ville, se déroulent également des festivals consacrés au cinéma, à la musique classique et à la littérature. A ce propos, le prix Nobel de Littérature 1982 Gabriel García Márquez a séjourné à plusieurs reprises dans le centre historique de Carthagène des Indes. Il s’en est inspiré dans le roman « L’Amour aux temps du choléra », pour beaucoup son meilleur roman, voire même son chef d’œuvre. C’est un roman qui retrace l’histoire d’amour de cinquante ans durant lesquels un homme attend la femme qu’il aime, mariée à un autre…
Carthagène est idéale poursuit le guide, entre autre, pour y passer sa lune de miel pour les colombiens. D’ailleurs, en novembre de chaque année, depuis 1934, se tient à Carthagène l’élection de Miss Colombie. Le guide rappelle au passage que Miss Colombie 2014 est Miss univers 2015… depuis plusieurs années le nom et la photo des Miss sont gravés dans les dalles au sol sous les bovedas (arcades). Il fait remarquer que c’est seulement depuis ses dernières années que la Miss est passée de blanche à métissée, une évolution sociétale.
Nous visitons l’ancien couvent des Clarisses transformé en hôtel de luxe. Une façon de conserver le patrimoine locale, il s’agit de l’hôtel de la chaîne française Sofitel. La réalisation est un succès, Nous sommes accueillis par une charmante hôtesse très typée les yeux un peu bridées, le guide nous dit en catimini qu’elle est issue d’une tribu pré-hispanique. Quant à l’établissement, il a conservé tout l’architecture initiale, l’hôtel s’intègre parfaitement dans les espaces originaux très bien conservés, l’intégration entre le complexe hôtelier et le couvent est une réussite…
Nous déambulons ensuite dans les rues de Carthagena jusqu’à la Plaza de Santo Domingo. Là, se trouve installée « la Gorda Gertrudis », une sculpture en bronze de Fernando Botero. Cette place est très appréciée des cartageneros. Toujours sur la plaza, mais à l’opposée est située un restaurant dont le propriétaire est une figure de Carthagène et de la Colombie. Le personnage s’appelle Lucho Colombia. Le guide nous le présente. En 2006, il s’est créé un personnage, Lucho Colombia, habillé de vêtements et accessoires traditionnels de différentes parties du pays, afin d’attirer l’attention et de forger une conscience collective pour promouvoir la paix dans son pays et conserver ses ressources naturelles. L’homme dégage un réel charisme naturel, il nous souhaite la bienvenue en Colombie et à Carthargena et aussi dans son restaurant…
Nous reprenons par la suite notre visite, le guide nous parle des Palenqueras qui sont des vendeuses de fruits ambulantes très visibles par leur costume qu’on croise dans les rues de Carthagene. Les palenqueras sont des vendeuses noires en habits traditionnels. Elles sont l’image emblématique de la ville, dit-il, elles ont même une statue à leur effigie dans la ville. elles posent bien volontiers contre quelques pesos. Elles sont originaires du village de Palenque de San Basilio.
L’une des originalités de ce village de montagne de 3500 habitants surplombant Carthagène est sa langue, le Palenquero. C’est la langue des esclaves africains dits « Marrons ». Ce langage créole est né à Palenque de San Basilio. Le village, fut fondé par un roi africain nommé Benkos Bioho, et est l’un des villages fortifiés appelés palenques. Les palanques ont été développées au XVIIe siècle par des esclaves fugitifs cherchant refuge… Au terme d’années de guerres contre les Espagnols, la couronne ibérique leur a accordé la liberté et des terres par un traité. Parmi les nombreux palenques qui ont existé, seul San Basilio a survécu jusqu’à nos jours. Palenque de San Basilio est habité principalement par des Afro-Colombiens qui sont les descendants directs des esclaves africains.
Nous terminons la visite par la présentation de quelques restaurants typiques de la ville, le « Oh, la,la » à côté du “Bistro” et d’un restaurant chilien, une bouteille de vin chilien est offerte pour le premier repas pris dans l’établissement…nous nous arrêtons aussi à la Muleta, mais il est fermé ce soir car hier c’était la fête des voisins, et ils sont restés ouvert très tard. Le guide poursuit à Carthagena, cette fête est un mélange de fête des voisins et de la Saint-Valentin… il a d’ailleurs passé explique-t-il la soirée chez la voisine, mais ajoute-t-il un temps plus tard avec malice, avec sa femme.
Après ce tour de ville retour à notre charmante pension au cœur de Carthagena.
Conseil Colombie
Que voir et faire dans les alentours de Popayan
Medellín, Colombie
Email :Info@colombieconseil.com